mardi 19 novembre 2013

Critique de Skin (épisode 1.02) : Requiem pour un sexbot


Je pourrais me sentir vexée, mais en fait, je suis ravie : ALMOST HUMAN a réussi à me surprendre pour le deuxième jour consécutif. Tout au plaisir de découvrir le pilote, j'avais négligé qu'il lui manquait un ingrédient essentiel : l'émotion. Et cette émotion qui n'était que sous-jacente dans le scénario de JOEL WYMAN, elle est à fleur de peau dans ce conte philosophe écrit par CHEO HODARI COKER (Southland).

Le scénariste transforme sans même qu'on y prenne garde une banale enquête policière en réflexion sur la mort, le souvenir et le deuil. Pas mal, non ? Sans nul doute s'est-il rendu compte que ni les armes futuristes, ni les effets spéciaux les plus extraordinaires soient-ils ne peuvent remplir de façon convaincante 43 minutes d'antenne.

Plus émouvant que les jeux vidéo de Continuum, non ?

Pourtant, le point de départ de l'épisode ne laissait guère présager ce développement. Je vous laisse juge : le créateur des sexbots se fait assassiner par la pègre quand il est sur le point de dévoiler que les proxénètes bafouent la loi en utilisant de l'ADN humain pour fabriquer leurs filles.

Filochard et Robot-ldingue enquêtent. La dynamique du duo a changé. Si on prend conscience de l'extraordinaire potentiel que représente DORIAN pour la police, on découvre aussi à quel point KENNEX est coincé à tous les niveaux. Mais leurs échanges sont moins crispés. Au passage, on apprend quelques trucs rigolos sur la vie sexuelle de KENNEX et RUDY, les chats et l'insatiable curiosité de DORIAN pour les choses de la vie. On se rend compte aussi que le nombre de sexbots mâles est inversement proportionnel au nombre de flics du même sexe. C'est agaçant. Mais passons.

Je ne vais pas faire ici un résumé de l'épisode, il faut le voir pour apprécier les dialogues plein d'humour portés par un nombre incroyable de scènes bourrées de détails et surtout pétries de bon sens. Car il n'y a rien de racoleur dans cette histoire qui aurait pu s'avérer sordide. Jamais KENNEX ne perd espoir, jamais DORIAN ne lâche prise. À la réflexion métaphysique se conjugue un état des lieux de la déontologie robotique sans que jamais on ne voit les ficelles.

Il suffira maintenant que les prochains épisodes réussissent à montrer que le travail du tandem s'appuie sur celui de leurs collègues, pour l'heure négligés. Seul RUDY tire son épingle du jeu grâce à l'interprétation épatante de MACKENZIE CROOK.

Les scènes finales vous feront réagir, c'est sûr, bien que jouant sur des registres très différents. La maîtrise de MICHAEL OFFER derrière la caméra n'y est pas étrangère. D'un seul coup, le futur créé par WYMAN n'est plus ni clinquant ni ultra-réaliste. Le téléspectateur est obligé de ressentir, ce qui n'était pas arrivé dans le pilote en dépit du nombre incalculable de problèmes de son héros. C'est simple, si elle continue sur sa lancée, la série est en passe de devenir de ce que j'ai vu de mieux à la télévision depuis longtemps.


ARRIÈRE-PENSÉES DE DERNIÈRE MINUTE

-  Sebastian Jones, I.R.C. SHAW et DECKARD GARDENS HOTEL, trois nouvelles références à BLADE RUNNER.
-  Les Waterfall et l'Electra buildings ainsi que la station de traitement des eaux d'Annacis Island servent de décors aux extérieurs de l'épisode.
-  WYMAN en avait parlé dans ses interviews, la voilà.
-  Massive Attack - Black Milk

la fameuse boule rouge

MERCI À ALMOST HUMAN GIFS


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